Dalibo SCOP
Formation | Module S5 |
Titre | SQL avancé pour le transactionnel |
Révision | 23.09 |
https://dali.bo/s5_pdf | |
EPUB | https://dali.bo/s5_epub |
HTML | https://dali.bo/s5_html |
Slides | https://dali.bo/s5_slides |
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PostgreSQL® Postgres® et le logo Slonik sont des marques déposées par PostgreSQL Community Association of Canada.
La norme SQL a continué d’évoluer et a bénéficié d’un grand nombre d’améliorations. Beaucoup de requêtes qu’il était difficile d’exprimer avec les premières incarnations de la norme sont maintenant faciles à réaliser avec les dernières évolutions.
Ce module a pour objectif de voir les fonctionnalités pouvant être utiles pour développer une application transactionnelle.
La clause LIMIT
, ou sa déclinaison normalisée par le
comité ISO FETCH FIRST xx ROWS
, permet de limiter le nombre
de lignes résultant d’une requête SQL. La syntaxe normalisée vient de
DB2 d’IBM et va être amenée à apparaître sur la plupart des bases de
données. La syntaxe LIMIT
reste néanmoins disponible sur de
nombreux SGBD et est plus concise.
L’exemple ci-dessous s’appuie sur le jeu d’essai suivant :
SELECT *
FROM employes ;
matricule | nom | service | salaire-----------+----------+-------------+----------
00000001 | Dupuis | | 10000.00
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
00000006 | Prunelle | Publication | 4000.00
00000020 | Lagaffe | Courrier | 3000.00
00000040 | Lebrac | Publication | 3000.00
5 lignes) (
Il faut faire attention au fait que ces fonctions ne permettent pas
d’obtenir des résultats stables si les données ne sont pas triées
explicitement. En effet, le standard SQL ne garantit en aucune façon
l’ordre des résultats à moins d’employer la clause
ORDER BY
, et que l’ensemble des champs sur lequel on trie
soit unique et non null.
Si une ligne était modifiée, changeant sa position physique dans la
table, le résultat de la requête ne serait pas le même. Par exemple, en
réalisant une mise à jour fictive de la ligne correspondant au matricule
00000001
:
UPDATE employes
SET nom = nom
WHERE matricule = '00000001';
L’ordre du résultat n’est pas garanti :
SELECT *
FROM employes
LIMIT 2;
matricule | nom | service | salaire-----------+----------+-------------+---------
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
00000006 | Prunelle | Publication | 4000.00
2 lignes) (
L’application d’un critère de tri explicite permet d’obtenir la sortie souhaitée :
SELECT *
FROM employes
ORDER BY matricule
LIMIT 2;
matricule | nom | service | salaire-----------+----------+----------+----------
00000001 | Dupuis | | 10000.00
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
Ainsi, en reprenant le jeu d’essai utilisé précédemment :
SELECT * FROM employes ;
matricule | nom | service | salaire-----------+----------+-------------+----------
00000001 | Dupuis | | 10000.00
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
00000006 | Prunelle | Publication | 4000.00
00000020 | Lagaffe | Courrier | 3000.00
00000040 | Lebrac | Publication | 3000.00
5 lignes) (
Cependant, sur un jeu de données conséquent et une pagination importante, ce principe de fonctionnement peut devenir contre-performant. En effet, la base de données devra lire malgré tout les enregistrements qui n’apparaîtront pas dans le résultat de la requête, simplement dans le but de les compter.
Soit la table posts
suivante (téléchargeable sur https://dali.bo/tp_posts, à laquelle on ajoute un index
sur (id_article_id, id_post)
) :
\d postsTable « public.posts »
Type | Collationnement | NULL-able | Par défaut
Colonne | ------------+--------------------------+-----------------+-----------+------------
integer | | |
id_article | integer | | |
id_post | timestamp with time zone | | |
ts |
message | text | | |Index :
"posts_id_article_id_post" btree (id_article, id_post)
"posts_ts_idx" btree (ts)
Si l’on souhaite récupérer les 10 premiers enregistrements :
SELECT *
FROM posts
WHERE id_article =12
ORDER BY id_post
LIMIT 10 ;
on obtient le plan d’exécution suivant :
QUERY PLAN
------------------------------------------------------------------------------
Limit (cost=0.43..18.26 rows=10 width=115)
(actual time=0.043..0.053 rows=10 loops=1)
-> Index Scan using posts_id_article_id_post on posts
(cost=0.43..1745.88 rows=979 width=115)
(actual time=0.042..0.051 rows=10 loops=1)
Index Cond: (id_article = 12)
Planning Time: 0.204 ms
Execution Time: 0.066 ms
La requête est rapide car elle profite d’un index bien trié et elle ne lit que peu de données, ce qui est bien.
En revanche, si l’on saute un nombre conséquent d’enregistrements
grâce à la clause OFFSET
, la situation devient
problématique :
SELECT *
FROM posts
WHERE id_article = 12
ORDER BY id_post
LIMIT 10
900 ; OFFSET
Le plan n’est plus le même :
Limit (cost=1605.04..1622.86 rows=10 width=115)
(actual time=0.216..0.221 rows=10 loops=1)
-> Index Scan using posts_id_article_id_post on posts
(cost=0.43..1745.88 rows=979 width=115)
(actual time=0.018..0.194 rows=910 loops=1)
Index Cond: (id_article = 12)
Planning Time: 0.062 ms
Execution Time: 0.243 ms
Pour répondre à la requête, PostgreSQL choisit la lecture de
l’ensemble des résultats, puis leur tri, pour enfin appliquer la limite.
En effet, LIMIT
et OFFSET
ne peuvent s’opèrer
que sur le résultat trié : il faut lire les 910 posts avant de pouvoir
choisir les 10 derniers.
Le problème de ce plan est que, plus le jeu de données sera important, plus les temps de réponse seront importants. Ils seront encore plus importants si le tri n’est pas utilisable dans un index, ou si l’on déclenche un tri sur disque. Il faut donc trouver une solution pour les minimiser.
Les problèmes de l’utilisation de la clause OFFSET
sont
parfaitement expliqués dans cet
article.
Dans notre cas, le principe est d’abord de créer un index qui
contient le critère ainsi que le champ qui fixe la pagination (l’index
existant convient). Puis on mémorise à quel post_id
la page
précédente s’est arrêtée, pour le donner comme critère de filtrage (ici
12900
). Il suffit donc de récupérer les 10 articles pour
lesquels id_article = 12
et
id_post > 12900
:
EXPLAIN ANALYZE
SELECT *
FROM posts
WHERE id_article = 12
AND id_post> 12900
ORDER BY id_post
LIMIT 10 ;
QUERY PLAN
----------------------------------------------------------------
Limit (cost=0.43..18.29 rows=10 width=115)
(actual time=0.018..0.024 rows=10 loops=1)
-> Index Scan using posts_id_article_id_post on posts
(cost=0.43..1743.02 rows=976 width=115)
(actual time=0.016..0.020 rows=10 loops=1)
Index Cond: ((id_article = 12) AND (id_post > 12900))
Planning Time: 0.111 ms
Execution Time: 0.039 ms
La clause RETURNING
permet de récupérer les valeurs
modifiées par un ordre DML. Ainsi, la clause RETURNING
associée à l’ordre INSERT
permet d’obtenir une ou plusieurs
colonnes des lignes insérées.
Cela permet par exemple de récupérer la valeur de colonnes portant une valeur par défaut, comme la valeur affectée par une séquence, comme sur l’exemple ci-dessus.
La clause RETURNING
permet également de récupérer les
valeurs des colonnes mises à jour :
UPDATE test_returning
SET val = val + 10
WHERE id = 1
RETURNING id, val;
id | val
----+-----
1 | 20
1 ligne) (
Associée à l’ordre DELETE
, il est possible d’obtenir les
lignes supprimées :
DELETE FROM test_returning
WHERE val < 30
RETURNING id, val;
id | val
----+-----
1 | 20
1 ligne) (
L’implémentation de l’UPSERT peut poser des questions sur la
concurrence d’accès. L’implémentation de PostgreSQL de
ON CONFLICT DO UPDATE
est une opération atomique,
c’est-à-dire que PostgreSQL garantit qu’il n’y aura pas de conditions
d’exécution qui pourront amener à des erreurs. L’utilisation d’une
contrainte d’unicité n’est pas étrangère à cela, elle permet en effet de
pouvoir vérifier que la ligne n’existe pas, et si elle existe déjà, de
verrouiller la ligne à mettre à jour de façon atomique.
En comparaison, plusieurs approches naïves présentent des problèmes de concurrences d’accès. Les différentes approches sont décrites dans cet article de depesz. Elle présente toutes des problèmes de race conditions qui peuvent entraîner des erreurs. Une autre possibilité aurait été d’utiliser une CTE en écriture, mais elle présente également les problèmes de concurrence d’accès décrits dans l’article.
Sur des traitements d’intégration de données, il s’agit d’un
comportement qui n’est pas toujours souhaitable. La norme SQL propose
l’ordre MERGE
pour palier à des problèmes de ce type, mais
il est peu probable de le voir rapidement implémenté dans PostgreSQL1. L’ordre INSERT
s’est
toutefois vu étendu avec PostgreSQL 9.5 pour gérer les conflits à
l’insertion.
Les exemples suivants s’appuient sur le jeu de données suivant :
\d employes
Table "public.employes"
Column | Type | Modifiers
-----------+--------------+-----------
matricule | character(8) | not null
nom | text | not null
service | text |
salaire | numeric(7,2) |
Indexes:
"employes_pkey" PRIMARY KEY, btree (matricule)
SELECT * FROM employes ;
matricule | nom | service | salaire
-----------+----------+-------------+----------
00000001 | Dupuis | Direction | 10000.00
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
00000006 | Prunelle | Publication | 4000.00
00000020 | Lagaffe | Courrier | 3000.00
00000040 | Lebrac | Publication | 3000.00
Si l’on souhaite insérer une ligne contenant un matricule déjà existant, une erreur de clé dupliquée est levée et toute la transaction est annulée.
Les données n’ont pas été modifiées :
=# SELECT * FROM employes ;
matricule | nom | service | salaire-----------+----------+-------------+----------
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
00000006 | Prunelle | Publication | 4000.00
00000020 | Lagaffe | Courrier | 3000.00
00000040 | Lebrac | Publication | 3000.00
00000001 | Dupuis | Direction | 10000.00
5 rows) (
La transaction est toujours valide.
Il suffit d’indiquer à PostgreSQL de ne rien faire en cas de conflit
sur une valeur dupliquée avec la clause
ON CONFLICT DO NOTHING
placée à la fin de l’ordre INSERT
qui peut poser problème.
Dans ce cas, si une rupture d’unicité est détectée, alors PostgreSQL ignorera l’erreur, silencieusement. En revanche, si une erreur apparaît sur une autre contrainte, l’erreur sera levée.
En prenant l’exemple suivant :
CREATE TABLE test_upsert (
PRIMARY KEY,
i serial UNIQUE,
v text integer CHECK (x > 0)
x
);
INSERT INTO test_upsert (v, x) VALUES ('x', 1);
L’insertion d’une valeur dupliquée provoque bien une erreur d’unicité :
INSERT INTO test_upsert (v, x) VALUES ('x', 1);
key value violates unique constraint "test_upsert_v_key" ERROR: duplicate
L’erreur d’unicité est bien ignorée si la ligne existe déjà, le
résultat est INSERT 0 0
qui indique qu’aucune ligne n’a été
insérée :
INSERT INTO test_upsert (v, x)
VALUES ('x', 1)
ON CONFLICT DO NOTHING;
INSERT 0 0
L’insertion est aussi ignorée si l’on tente d’insérer des lignes rompant la contrainte d’unicité mais ne comportant pas les mêmes valeurs pour d’autres colonnes :
INSERT INTO test_upsert (v, x)
VALUES ('x', 4)
ON CONFLICT DO NOTHING;
INSERT 0 0
Si l’on insère une valeur interdite par la contrainte
CHECK
, une erreur est bien levée :
INSERT INTO test_upsert (v, x)
VALUES ('x', 0)
ON CONFLICT DO NOTHING;
new row for relation "test_upsert" violates check constraint
ERROR: "test_upsert_x_check"
row contains (4, x, 0). DETAIL: Failing
La clause ON CONFLICT
permet de déterminer une colonne
sur laquelle le conflit peut arriver. Cette colonne ou ces colonnes
doivent porter une contrainte d’unicité ou une contrainte d’exclusion,
c’est à dire une contrainte portée par un index. La clause
DO UPDATE
associée fait référence aux valeurs rejetées par
le conflit à l’aide de la pseudo-table excluded
. Les
valeurs courantes sont accessibles en préfixant les colonnes avec le nom
de la table. L’exemple montre cela.
Avec la requête de l’exemple, on voit que le salaire du directeur n’a pas été modifié, mais son nom l’a été :
SELECT * FROM employes ;
matricule | nom | service | salaire-----------+-----------+-------------+----------
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
00000006 | Prunelle | Publication | 4000.00
00000020 | Lagaffe | Courrier | 3000.00
00000040 | Lebrac | Publication | 3000.00
00000001 | M. Pirate | Direction | 10000.00
5 rows) (
La clause ON CONFLICT
permet également de définir une
contrainte d’intégrité sur laquelle on réagit en cas de conflit :
INSERT INTO employes (matricule, nom, service, salaire)
VALUES ('00000001', 'Marsupilami', 'Direction', 50000.00)
ON CONFLICT ON CONSTRAINT employes_pkey
UPDATE SET salaire = excluded.salaire; DO
On remarque que seul le salaire du directeur a changé :
SELECT * FROM employes ;
matricule | nom | service | salaire-----------+----------+-------------+----------
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
00000006 | Prunelle | Publication | 4000.00
00000020 | Lagaffe | Courrier | 3000.00
00000040 | Lebrac | Publication | 3000.00
00000001 | M. Pirate | Direction | 50000.00
5 rows) (
Bien sûr, on peut insérer plusieurs lignes, INSERT ON CONFLICT réagira uniquement sur les doublons :
La nouvelle employée, Moizelle Jeanne a été intégrée dans la tables des employés, et Lebrac a été traité comme un doublon, en appliquant la règle de mise à jour vue plus haut : seul le nom est mis à jour et le salaire est inchangé.
SELECT * FROM employes ;
matricule | nom | service | salaire-----------+-----------------+-------------+----------
00000004 | Fantasio | Courrier | 4500.00
00000006 | Prunelle | Publication | 4000.00
00000020 | Lagaffe | Courrier | 3000.00
00000001 | M. Pirate | Direction | 50000.00
00000002 | Moizelle Jeanne | Publication | 3000.00
00000040 | Lebrac | Publication | 3000.00
6 rows) (
À noter que la clause SET salaire = employes.salaire
est
inutile, c’est ce que fait PostgreSQL implicitement.
Si l’on choisit de réaliser une mise à jour plutôt que de générer une
erreur, on utilisera la clause ON CONFLICT DO UPDATE
. Il
faudra dans ce cas préciser la ou les colonnes qui portent une
contrainte d’unicité. Cette contrainte d’unicité permettra de détecter
la duplication de valeur, PostgreSQL pourra alors appliquer la règle de
mise à jour édictée.
La règle de mise à jour permet de définir très finement les colonnes
à mettre à jour et les colonnes à ne pas mettre à jour. Dans ce
contexte, la pseudo-table excluded représente l’ensemble rejeté
par l’INSERT
. Il faudra explicitement indiquer les colonnes
dont la valeur sera mise à jour à partir des valeurs que l’on tente
d’insérer, reprise de la pseudo-table excluded :
ON CONFLICT (...)
UPDATE
DO SET colonne = excluded.colonne,
= excluded.autre_colonne,
autre_colonne ...
En alternative, il est possible d’indiquer un nom de contrainte plutôt que le nom d’une colonne portant une contrainte d’unicité :
INSERT ....
ON CONFLICT ON CONSTRAINT nom_contrainte
UPDATE
DO SET colonne_a_modifier = excluded.colonne,
= excluded.autre_colonne,
autre_colonne_a_modifier ...;
De plus amples informations quant à la syntaxe sont disponibles dans la documentation.
LATERAL
apparaît dans la révision de la norme SQL de
1999. Elle permet d’appliquer une requête ou une fonction sur le
résultat d’une table.
La clause LATERAL
existe dans la norme SQL depuis
plusieurs années. L’implémentation de cette clause dans la plupart des
SGBD reste cependant relativement récente.
Elle permet d’utiliser les données de la requête principale dans une sous-requête. La sous-requête sera appliquée à chaque enregistrement retourné par la requête principale.
L’exemple ci-dessus montre comment afficher les 5 derniers messages
postés sur les 5 derniers sujets actifs d’un forum avec la clause
LATERAL
.
Une autre forme d’écriture emploie le mot clé JOIN
,
inutile dans cet exemple. Il peut avoir son intérêt si l’on utilise une
jointure externe (LEFT JOIN
par exemple si un sujet
n’impliquait pas forcément la présence d’un message) :
SELECT titre, top_5_messages.date_publication, top_5_messages.extrait
FROM sujets
JOIN LATERAL(SELECT date_publication, substr(message, 0, 100) AS extrait
FROM messages
WHERE sujets.sujet_id = messages.sujet_id
ORDER BY date_publication DESC
LIMIT 5) top_5_messages
ON (true) -- condition de jointure toujours vraie
ORDER BY sujets.date_modification DESC, top_5_messages.date_publication DESC
LIMIT 25;
Il aurait été possible de réaliser cette requête par d’autres moyens,
mais LATERAL
permet d’obtenir la requête la plus
performante. Une autre approche quasiment aussi performante aurait été
de faire appel à une fonction retournant les 5 enregistrements
souhaités.
À noter qu’une colonne date_modification
a été ajouté à
la table sujets
afin de déterminer rapidement les derniers
sujets modifiés. Sans cela, il faudrait parcourir l’ensemble des sujets,
récupérer la date de publication des derniers messages avec une jointure
LATERAL et récupérer les 5 derniers sujets actifs. Cela nécessite de
lire beaucoup de données. Un trigger positionné sur la table
messages
permettra d’entretenir la colonne
date_modification
sur la table sujets
sans
difficulté. Il s’agit donc ici d’une entorse aux règles de modélisation
en vue d’optimiser les traitements.
Un index sur les colonnes sujet_id
et
date_publication
permettra de minimiser les accès pour
cette requête :
CREATE INDEX ON messages (sujet_id, date_publication DESC);
Si nous n’avions pas la clause LATERAL
, nous pourrions
être tentés d’écrire la requête suivante :
SELECT titre, top_5_messages.date_publication, top_5_messages.extrait
FROM sujets
JOIN (SELECT date_publication, substr(message, 0, 100) AS extrait
FROM messages
WHERE sujets.sujet_id = messages.sujet_id
ORDER BY date_message DESC
LIMIT 5) top_5_messages
ORDER BY sujets.date_modification DESC
LIMIT 25;
Cependant, la norme SQL interdit une telle construction, il n’est pas
possible de référencer la table principale dans une sous-requête. Mais
avec la clause LATERAL
, la sous-requête peut faire appel à
la table principale.
L’exemple ci-dessous montre qu’il est possible d’utiliser une fonction retournant un ensemble (SRF pour Set Returning Functions).
La fonction get_top_5_messages
est la suivante :
CREATE OR REPLACE FUNCTION get_top_5_messages (p_sujet_id integer)
TABLE (date_publication timestamp, extrait text)
RETURNS AS $PROC$
BEGIN
RETURN QUERY SELECT date_publication, substr(message, 0, 100) AS extrait
FROM messages
WHERE messages.sujet_id = p_sujet_id
ORDER BY date_publication DESC
LIMIT 5;
END;
$PROC$ LANGUAGE plpgsql;
La clause LATERAL
n’est pas obligatoire, mais elle
s’utiliserait ainsi :
SELECT titre, top_5_messages.date_publication, top_5_messages.extrait
FROM sujets, LATERAL get_top_5_messages(sujet_id) AS top_5_messages
ORDER BY sujets.date_modification DESC LIMIT 25;
Les CTE permettent de factoriser la définition d’une sous-requête qui pourrait être appelée plusieurs fois.
Une CTE est exprimée avec la clause WITH
. Cette clause
permet de définir des vues éphémères qui seront utilisées les unes après
les autres et au final utilisées dans la requête principale.
Avant la version 12, une CTE était forcément matérialisée. À partir
de la version 12, ce n’est plus le cas. Le seul moyen de s’en assurer
revient à ajouter la clause MATERIALIZED
.
On utilise principalement une CTE pour factoriser la définition d’une sous-requête commune, comme dans l’exemple ci-dessus.
Un autre exemple un peu plus complexe :
WITH resume_commandes AS (
SELECT c.numero_commande, c.client_id, quantite*prix_unitaire AS montant
FROM commandes c
JOIN lignes_commandes l
ON (c.numero_commande = l.numero_commande)
WHERE date_commande BETWEEN '2014-01-01' AND '2014-12-31'
)SELECT type_client, NULL AS pays, SUM(montant) AS montant_total_commande
FROM resume_commandes
JOIN clients
ON (resume_commandes.client_id = clients.client_id)
GROUP BY type_client
UNION ALL
SELECT NULL, code_pays AS pays, SUM(montant)
FROM resume_commandes r
JOIN clients cl
ON (r.client_id = cl.client_id)
JOIN contacts co
ON (cl.contact_id = co.contact_id)
GROUP BY code_pays;
Le plan d’exécution de la requête montre que la vue
resume_commandes
est exécutée une seule fois et son
résultat est utilisé par les deux opérations de regroupements définies
dans la requête principale :
QUERY PLAN
-------------------------------------------------------------------------------
cost=244618.50..323855.66 rows=12 width=67)
Append (
CTE resume_commandes-> Hash Join (cost=31886.90..174241.18 rows=1216034 width=26)
Hash Cond: (l.numero_commande = c.numero_commande)
-> Seq Scan on lignes_commandes l
cost=0.00..73621.47 rows=3141947 width=18)
(-> Hash (cost=25159.00..25159.00 rows=387032 width=16)
-> Seq Scan on commandes c
cost=0.00..25159.00 rows=387032 width=16)
(Filter: ((date_commande >= '2014-01-01'::date)
AND (date_commande <= '2014-12-31'::date))
-> HashAggregate (cost=70377.32..70377.36 rows=3 width=34)
Group Key: clients.type_client
-> Hash Join (cost=3765.00..64297.15 rows=1216034 width=34)
Hash Cond: (resume_commandes.client_id = clients.client_id)
-> CTE Scan on resume_commandes
cost=0.00..24320.68 rows=1216034 width=40)
(-> Hash (cost=2026.00..2026.00 rows=100000 width=10)
-> Seq Scan on clients
cost=0.00..2026.00 rows=100000 width=10)
(-> HashAggregate (cost=79236.89..79237.00 rows=9 width=35)
Group Key: co.code_pays
-> Hash Join (cost=12624.57..73156.72 rows=1216034 width=35)
Hash Cond: (r.client_id = cl.client_id)
-> CTE Scan on resume_commandes r
cost=0.00..24320.68 rows=1216034 width=40)
(-> Hash (cost=10885.57..10885.57 rows=100000 width=11)
-> Hash Join
cost=3765.00..10885.57 rows=100000 width=11)
(Hash Cond: (co.contact_id = cl.contact_id)
-> Seq Scan on contacts co
cost=0.00..4143.05 rows=110005 width=11)
(-> Hash (cost=2026.00..2026.00 rows=100000 width=16)
-> Seq Scan on clients cl
cost=0.00..2026.00 rows=100000 width=16) (
Si la requête avait été écrite sans CTE, donc en exprimant deux fois la même sous-requête, le coût d’exécution aurait été multiplié par deux car il aurait fallu exécuter la sous-requête deux fois au lieu d’une.
On utilise également les CTE pour améliorer la lisibilité des requêtes complexes, mais cela peut poser des problèmes d’optimisations, comme cela sera discuté plus bas.
La syntaxe de définition d’une vue est donnée ci-dessus.
On peut néanmoins enchaîner plusieurs vues les unes à la suite des autres :
WITH nom_vue1 AS (
<requête pour générer la vue 1>
AS (
), nom_vue2 <requête pour générer la vue 2, pouvant utiliser la vue 1>
)<requête principale utilisant vue 1 et/ou vue2>;
Il faut néanmoins être vigilant car l’optimiseur n’inclut pas la définition des CTE dans la requête principale quand il réalise les différentes passes d’optimisations.
Par exemple, sans CTE, si un prédicat appliqué dans la requête principale peut être remonté au niveau d’une sous-requête, l’optimiseur de PostgreSQL le réalisera :
EXPLAIN
SELECT MAX(date_embauche)
FROM (SELECT * FROM employes WHERE num_service = 4) e
WHERE e.date_embauche < '2006-01-01';
QUERY PLAN
------------------------------------------------------------------------------
cost=1.21..1.22 rows=1 width=4)
Aggregate (-> Seq Scan on employes (cost=0.00..1.21 rows=2 width=4)
Filter: ((date_embauche < '2006-01-01'::date) AND (num_service = 4))
3 lignes) (
Les deux prédicats num_service = 4
et
date_embauche < '2006-01-01'
ont été appliqués en même
temps, réduisant ainsi le jeu de données à considérer dès le départ. En
anglais, on parle de predicate push-down.
Une requête équivalente basée sur une CTE ne permet pas d’appliquer le filtre au plus tôt : ici le filtre inclus dans la CTE est appliqué, pas le second.
EXPLAIN
WITH e AS
SELECT * FROM employes WHERE num_service = 4)
(SELECT MAX(date_embauche)
FROM e
WHERE e.date_embauche < '2006-01-01';
QUERY PLAN
-----------------------------------------------------------------
cost=1.29..1.30 rows=1 width=4)
Aggregate (
CTE e-> Seq Scan on employes (cost=0.00..1.18 rows=5 width=43)
Filter: (num_service = 4)
-> CTE Scan on e (cost=0.00..0.11 rows=2 width=4)
Filter: (date_embauche < '2006-01-01'::date)
On peut se faire piéger également en voulant calculer trop de choses dans les CTE. Dans cet autre exemple, on cherche à afficher les 7 commandes d’un client donné, le cumul des valeurs des lignes par commande étant réalisé dans un CTE :
EXPLAIN ANALYZE
WITH nos_commandes AS
(SELECT c.numero_commande, c.client_id, SUM(quantite*prix_unitaire) AS montant
FROM commandes c
JOIN lignes_commandes l
ON (c.numero_commande = l.numero_commande)
GROUP BY 1,2
)SELECT clients.client_id, type_client, nos_commandes.*
FROM nos_commandes
INNER JOIN clients
ON (nos_commandes.client_id = clients.client_id)
WHERE clients.client_id = 6845
;
QUERY PLAN
-----------------------------------------------------------------
Nested Loop (cost=154567.68..177117.90 rows=5000 width=58)
time=7.757..5526.148 rows=7 loops=1)
(actual
CTE nos_commandes-> GroupAggregate (cost=3.51..154567.39 rows=1000000 width=48)
time=0.043..5076.121 rows=1000000 loops=1)
(actual Group Key: c.numero_commande
-> Merge Join (cost=3.51..110641.89 rows=3142550 width=26)
time=0.017..2511.385 rows=3142632 loops=1)
(actual Merge Cond: (c.numero_commande = l.numero_commande)
-> Index Scan using commandes_pkey on commandes c
cost=0.42..16290.72 rows=1000000 width=16)
(time=0.008..317.547 rows=1000000 loops=1)
(actual -> Index Scan using lignes_commandes_pkey on lignes_commandes l
cost=0.43..52570.08 rows=3142550 width=18)
(time=0.006..1030.420 rows=3142632 loops=1)
(actual -> Index Scan using clients_pkey on clients
cost=0.29..0.51 rows=1 width=10)
(time=0.009..0.009 rows=1 loops=1)
(actual Index Cond: (client_id = 6845)
-> CTE Scan on nos_commandes (cost=0.00..22500.00 rows=5000 width=48)
time=7.746..5526.128 rows=7 loops=1)
(actual Filter: (client_id = 6845)
Rows Removed by Filter: 999993
Notez que la construction de la CTE fait un calcul sur l’intégralité
des 5000 commandes et brasse un million de lignes. Puis, une fois connu
le client_id
, PostgreSQL parcourt cette CTE pour en
récupérer une seule ligne. C’est évidemment extrêmement coûteux et dure
plusieurs secondes.
Alors que sans la CTE, l’optimiseur se permet de faire la jointure avec les tables, donc à filtrer sur le client demandé, et ne fait la somme des lignes qu’après, en quelques millisecondes.
EXPLAIN ANALYZE
SELECT clients.client_id, type_client, nos_commandes.*
FROM
(SELECT c.numero_commande, c.client_id, SUM(quantite*prix_unitaire) AS montant
FROM commandes c
JOIN lignes_commandes l
ON (c.numero_commande = l.numero_commande)
GROUP BY 1,2
AS nos_commandes
) INNER JOIN clients
ON (nos_commandes.client_id = clients.client_id)
WHERE clients.client_id = 6845
;
QUERY PLAN
-----------------------------------------------------------------
Nested Loop (cost=12.83..13.40 rows=11 width=58)
time=0.113..0.117 rows=7 loops=1)
(actual -> Index Scan using clients_pkey on clients (cost=0.29..0.51 rows=1 width=10)
time=0.007..0.007 rows=1 loops=1)
(actual Index Cond: (client_id = 6845)
-> HashAggregate (cost=12.54..12.67 rows=11 width=48)
time=0.106..0.108 rows=7 loops=1)
(actual Group Key: c.numero_commande
-> Nested Loop (cost=0.85..12.19 rows=35 width=26)
time=0.028..0.087 rows=23 loops=1)
(actual -> Index Scan using commandes_clients_fkey on commandes c
cost=0.42..1.82 rows=11 width=16)
(time=0.022..0.028 rows=7 loops=1)
(actual Index Cond: (client_id = 6845)
-> Index Scan using lignes_commandes_pkey on lignes_commandes l
cost=0.43..0.89 rows=5 width=18)
(time=0.006..0.007 rows=3 loops=7)
(actual Index Cond: (numero_commande = c.numero_commande)
En plus d’améliorer la lisibilité et d’éviter la duplication de code, le mécanisme des CTE est aussi un moyen contourner certaines limitations de l’optimiseur de PostgreSQL en vue de contrôler précisément le plan d’exécution d’une requête.
Ce principe de fonctionnement a changé avec la version 12 de
PostgreSQL. Par défaut, il n’y a pas de matérialisation mais celle-ci
peut être forcée avec l’option MATERIALIZED
.
La requête d’exemple permet d’archiver des données dans une table
dédiée à l’archivage en utilisant une CTE en écriture. L’emploi de la
clause RETURNING
permet de récupérer les lignes
purgées.
Le même principe s’applique pour une table que l’on vient de partitionner. Les enregistrements se trouvent initialement dans la table mère, il faut les répartir sur les différentes partitions. On utilisera une requête reposant sur le même principe que la précédente. L’ordre INSERT visera la table principale si l’on souhaite utiliser le trigger de partition pour répartir les données. Il pourra également viser une partition donnée afin d’éviter le surcoût du trigger de partition.
En plus de ce cas d’usage simple, il est possible d’utiliser cette fonctionnalité pour débugger une requête complexe.
WITH sous-requete1 AS (
),-requete1 AS (
debug_sousINSERT INTO debug_sousrequete1
SELECT * FROM sous-requete1
-requete2 AS (
), sousSELECT ...
FROM sous-requete1
JOIN ....
WHERE ....
GROUP BY ...
),-requete2 AS (
debug_sousINSERT INTO debug_sousrequete2
SELECT * FROM sous-requete2
)SELECT *
FROM sous-requete2;
On peut également envisager une requête CTE en écriture pour émuler
une requête MERGE
pour réaliser une intégration de données
complexe, là où l’UPSERT ne serait pas suffisant. Il faut toutefois
avoir à l’esprit qu’une telle requête présente des problèmes de
concurrences d’accès, pouvant entraîner des résultats inattendus si elle
est employée alors que d’autres sessions modifient les données. On se
contentera d’utiliser une telle requête dans des traitements batchs.
Il est important de noter que sur PostgreSQL, chaque sous-partie d’une CTE qui exécute une opération de mise à jour sera exécutée, même si elle n’est pas explicitement appelée. Par exemple :
WITH del AS (DELETE FROM nom_table),
AS (SELECT * FROM fonction_en_ecriture())
fonction_en_ecriture SELECT 1;
supprimera l’intégralité des données de la table
nom_table
, mais n’appellera pas la fonction
fonction_en_ecriture()
, même si celle-ci effectue des
écritures.
Le langage SQL permet de réaliser des récursions avec des CTE récursives. Son principal intérêt est de pouvoir parcourir des arborescences, comme par exemple des arbres généalogiques, des arborescences de service ou des entrées de menus hiérarchiques.
Il permet également de réaliser des parcours de graphes, mais les possibilités en SQL sont plus limitées de ce côté-là. En effet, SQL utilise un algorithme de type Breadth First (parcours en largeur) où PostgreSQL produit tout le niveau courant, et approfondit ensuite la récursion. Ce fonctionnement est à l’opposé d’un algorithme Depth First (parcours en profondeur) où chaque branche est explorée à fond individuellement avant de passer à la branche suivante. Ce principe de fonctionnement de l’implémentation dans SQL peut poser des problèmes sur des recherches de types réseaux sociaux où des bases de données orientées graphes, tel que Neo4J, seront bien plus efficaces. À noter que l’extension pgRouting implémente des algorithmes de parcours de graphes plus efficace. Cela permet de rester dans PostgreSQL mais nécessite un certain formalisme et il faut avoir conscience que pgRouting n’est pas l’outil le plus efficace car il génère un graphe en mémoire à chaque requête à résoudre, qui est perdu après l’appel.
Voici le résultat de cette requête :
valeur
--------
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
L’exécution de cette requête commence avec le
SELECT 1 AS valeur
(la requête avant le
UNION ALL
), d’où la première ligne avec la valeur 1. Puis
PostgreSQL exécute le
SELECT valeur+1 FROM suite WHERE valeur < 10
tant que
cette requête renvoie des lignes. À la première exécution, il additionne
1 avec la valeur précédente (1), ce qui fait qu’il renvoie 2. A la
deuxième exécution, il additionne 1 avec la valeur précédente (2), ce
qui fait qu’il renvoie 3. Etc. La récursivité s’arrête quand la requête
ne renvoie plus de ligne, autrement dit quand la colonne vaut 10.
Cet exemple n’a aucun autre intérêt que de présenter la syntaxe permettant de réaliser une récursion en langage SQL.